Le taux d’épargne préféré des Français va bientôt rapporter (légèrement) plus. Le ministre de l’Economie, Bruno Le Maire, a annoncé la bonne nouvelle pour 54,9 millions d’épargnants le 13 décembre, sur BFMTV. « Le taux du livret A augmentera en janvier », a-t-il indiqué, sans donner plus de précisions. Dans les faits, l’exécutif souhaite attendre, à la mi-janvier, la proposition de la Banque de France et de son gouverneur, François Villeroy de Galhau, pour prendre une décision.
A priori, le nouveau taux devrait se situer entre « 0,8 et 1 % », contre 0,5 % actuellement, avance à 20 Minutes Philippe Crevel, directeur du Cercle de l’Épargne, centre d’études et d’information sur l’épargne et la retraite. Mais avec la hausse des prix des derniers mois, notamment dans l’alimentation ou l’énergie [les prix à la consommation ont augmenté de 2,8 % sur un an en novembre, après + 2,6 % en octobre, selon l’Insee], ce coup de pouce sur le livret A sera-t-il significatif ?
« Ce n’est pas suffisant pour épargner »
Historiquement, malgré son plébiscite auprès des Français – surtout en période de confinements successifs, synonymes d’épargne –, le livret A n’est pas rémunérateur. Bien au contraire. « On perd plutôt de l’argent, souligne Anne-Sophie Alsif, cheffe économiste au cabinet BDO France, spécialisé dans l’audit et le conseil. Il faudrait plutôt investir dans des actions, qui ont l’avantage, elles, d’avoir des rendements supérieurs à l’inflation » Et avec la flambée des prix, la hausse du taux en février ne semble « pas suffisante pour épargner », selon elle.
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Un avis partagé par Philippe Crevel, qui pointe deux freins majeurs à l’intérêt du livret A. D’abord, il « engendre des frais importants pour la Caisse des dépôts [l’organisme public qui centralise environ 60 % de l’épargne réglementée], car les titres monétaires qui permettent d’assurer la liquidité du Livret A sont actuellement rémunérés à – 0,5 %. » L’Etat y perd donc de l’argent.
Le deuxième frein est « la hiérarchie des taux. Le livret A est une épargne de précaution, et l’Etat veut qu’il ne soit pas plus rémunérateur qu’un produit à long terme, comme les actions. » Autrement dit, l’objectif est d’inciter les Français à injecter leur épargne dans l’économie, donc cette épargne ne doit pas être trop lucrative. Pourtant, au mois d’octobre, 343,5 milliards d’euros étaient détenus dans ce livret, selon les chiffres de la Caisse des Dépôts. Une mine d’or.
Une hausse partie pour être renouvelée ?
Ce passage du taux de 0,5 à 0,8 ou 1 % sera-t-il suffisant ? « Certains pensent que l’inflation va se calmer mi-2022, tandis que d’autres estiment que la flambée va se poursuivre et que les salaires vont suivre », explique Philippe Crevel. Dans ce cas de figure, une nouvelle hausse du taux d’intérêt du livret A pourrait être envisagée.
« Tout va en effet dépendre de l’inflation, abonde Anne-Sophie Alsif. Au cabinet BDO, nous pensons que la situation sera toujours inflationniste à l’été prochain et qu’il faudra attendre 2023 pour retrouver une situation normale au niveau des prix, notamment pour le gaz et l’énergie. L’Etat pourrait donc de nouveau poursuivre cet effet de rattrapage en août prochain. » Avec toujours à l’esprit de ne pas rendre le livret A trop attractif.