Climat : Des experts fustigent la géoingénierie solaire pour limiter le réchauffement

La géoingénierie solaire est sous le feu des critiques. Les projets de ce type, destinés à refroidir la surface de la Terre et limiter le réchauffement climatique, sont potentiellement dangereux et devraient être bloqués par les gouvernements, plaident ainsi 60 experts et scientifiques dans une lettre publiée ce lundi.

Injecter des milliards de particules de soufre dans la couche supérieure de l’atmosphère – un des projets les plus controversés de modification intentionnelle des rayonnements solaires – pourrait renvoyer une partie des rayons du soleil, mais les effets secondaires risquent de dépasser les bénéfices, insiste cette lettre ouverte dans la revue WIREs Climate Change.

La géoingénierie solaire ne doit plus être une « option »

« Le déploiement de la géoingénierie solaire ne peut pas être géré au niveau mondial de manière juste, inclusive et efficace. Nous appelons donc les gouvernements, l’ONU et autres acteurs à prendre des mesures politiques immédiates pour empêcher la normalisation de la géoingénierie solaire en tant qu’option contre le réchauffement », écrivent les signataires.

Le monde s’est engagé à limiter le réchauffement bien en deçà de +2 °C, +1,5 °C si possible, mais les experts climat de l’ONU (Giec) estiment que le seuil de +1,5 °C pourrait déjà être atteint autour de 2030. Face à l’échec à réduire les émissions de CO2 responsables du réchauffement, certains politiques soutiennent désormais la géoingénierie, pour gagner du temps. Les scientifiques savent en effet depuis longtemps qu’injecter d’importants volumes de particules réfléchissantes dans la couche supérieure de l’atmosphère pourrait refroidir la planète.

Des effets négatifs sur les moussons

Mais la lettre ouverte met surtout en avant les risques. Une modification intentionnelle des rayonnements solaires pourrait par exemple perturber le régime des moussons en Asie du Sud et dans l’ouest de l’Afrique et pourrait ainsi détruire les cultures dont des centaines de millions de personnes dépendent, selon des études déjà publiées.

Et si la modification des rayonnements prenait fin « pour une raison quelconque, il est très probable que la température de la surface augmenterait rapidement », estime le Giec. De plus, cette technologie n’empêcherait pas le CO2​ de continuer à s’accumuler dans l’atmosphère.

Les signataires, comme le président de l’Agence allemande de l’environnement Dirk Messner, s’inquiètent également du risque de créer un faux espoir de solution face au réchauffement. Cela pourrait d’ailleurs « dissuader les gouvernements, les entreprises et les sociétés de faire tout leur possible pour parvenir à la neutralité carbone dès que possible ».

Enfin, les experts soulignent l’absence de gouvernance pour surveiller ces projets. Alors la lettre ouverte appelle à un « accord international de non-utilisation » qui bloquerait le financement, l’expérimentation et l’octroi de brevets à ces technologies, sans pour autant mettre un terme aux recherches scientifiques.

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