De notre envoyé spécial à Zangjiakou,
Le jour et la nuit. Médaillée d’argent lors du relais mixte de samedi, Anaïs Chevalier-Bouchet n’avait pourtant pas la tête des grands jours – à part sur les photos, pour faire bonne figure – au terme de cette course par équipe. En cause, une performance au tir à la limite du catastrophique, avec deux fautes sur le debout et quatre ( !) sur le couché, avec en cadeau un tour de pénalité qui aurait pu coûter cher à son équipe. Alors, lundi, quand elle a débarqué en zone mixte, forte de sa deuxième place et de sa première médaille olympique en indiv’, la médaillée de bronze au relais féminin de Pyeongchang avait forcément le sourire.
Enfin, c’est ce qu’on a cru lire dans ses yeux, masques FFP2 oblige. « J’étais venue pour ça (une médaille en solo) donc je suis contente de l’avoir dès la première course individuelle, confie-t-elle. Maintenant, ça va dérouler tout seul parce que, quoi qu’il arrive, mes Jeux sont réussis. Après je suis quelqu’un de perfectionniste et je n’ai pas envie de m’arrêter là. Mais on ne sait pas comment peut évoluer la forme et tout ça, donc ça c’est fait et c’est super ! ».
De bonnes conditions de vent sur le pas de tir
Pas besoin d’être un grand spécialiste du bibi pour comprendre que, ce qui a fait la différence lundi, c’est ce tir retrouvé, avec un 19/20 qui va bien par où il passe. D’emblée, sa stratégie était claire. Elle l’a d’ailleurs établie tranquillement dans sa chambre du village olympique, dimanche, en regardant la course la course de ski de fond des garçons :
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« J’ai vu que ça ne se jouait pas dans les premiers tours, que c’était plutôt sur le long terme, détaille-telle. J’ai donc décidé à ce moment-là de partir prudemment, surtout pour arriver en étant très lucide sur le pas de tir et me donner toutes les chances de jouer le podium. »
Il faut dire aussi aussi que les conditions n’étaient pas les mêmes que samedi. Fini le vent tourbillonnant qui met des feintes droite-gauche à tout le monde. Elle analyse : « C’est vrai que les conditions étaient excellentes aujourd’hui, il y avait un léger vent mais au moins il était régulier, ça ne bougeait pas. Tout était réuni pour faire du bon biathlon et du bon tir. »
Si elle joue les modestes, Jean-Paul Giachino, l’entraîneur de tir des filles, n’est pas dupe. Le vent régulier, très bien, mais c’est surtout dans la tête que la médaille s’est jouée. « Elle a laissé sortir ses balles, décortique-t-il. Elle avait un truc en plus aujourd’hui, c’est qu’elle était appliquée, ça se sentait de derrière, c’était de bons tirs, de belles balles, elle était actrice sur le pas de tir du début à la fin. » Ses ratés de samedi y sont pour beaucoup, sa « force de caractère aussi, c’est une teigne », se marre Giachino.
Un changement de stratégie au tir qui finit par payer
Explications de Frédo Jean : « Dimanche, elle a fait le choix de revenir faire la petite séance de tirs qui va bien, histoire de passer un peu de temps derrière la carabine, à la différence d’une Julia [Simon], qui a pris l’option classique [comprendre, le repos] pour récupérer physiquement. Au final c’était le bon choix. » D’ailleurs, celui-ci nous confie qu’il avait mis une petite pièce sur Chevalier-Bouchet au réveil. Et cette séance de rab, elle s’est passée comment ? « Très moyenne, sourie l’entraîneur de tir. Mais paradoxalement je suis sûr que c’est cette séance moyenne lui a servi aujourd’hui. » Ca et le changement de stratégie opérée au printemps dernier.
« Anaïs a toujours été une shooteuse, comme on dit dans notre jargon mais c’est vrai qu’elle est arrivée en me proposant quelque chose, en voulant tirer un peu plus vite et je l’ai accompagnée là-dedans, relate Giachino. En fait, ce qui était intéressant, et moi j’aime bien ce mode de fonctionnement, c’est que c’est un choix qui venait d’elle, ce n’est pas quelque chose qu’on lui amène. Anaïs n’a pas besoin qu’on lui amène les choses, elle analyse, elle décide et après on la suit. Notre rôle, c’est de la garder sur ce chemin choisi et de la guider. On a beaucoup répété ça et ça a payé. » Quand en plus on sait que l’individuel n’est clairement pas sa came -elle nous l’a encore répété après la course – on ne peut que dire vivement le sprint de vendredi !