Préparez vos papilles, accrochez votre foi et dites définitivement adieu au « winter body ». Ce mercredi 16 février marque le retour de la consommation de nourriture et de boisson dans les lieux d’événementiel, interdite depuis décembre et la vague d’Omicron qui avait déferlé sur la France. Re-bienvenue à vous les pop-corns qui croustillent au cinéma, les hot dogs qui collent au doigt dans les stades, les petits fours bourratifs dans les salons et foires et la bière tiède dans les concerts.
C’est peut-être un détail pour vous, mais pour les acteurs de la bamboche, ça veut dire beaucoup. Et quand on dit « beaucoup », on parle notamment en termes de rentrées d’argent. En 2014 par exemple, la vente de nourriture et de boisson rapportait 14 % des revenus des cinémas en France. Dans la salle du Zénith de Paris, la buvette représentait 20% du chiffre d’affaire annuel en 2010.
« Même si la plupart des lieux n’ont pas fermé, contrairement aux vagues précédentes de coronavirus, l’événementiel a du mal à être rentable sans ce genre de recettes annexes. La vente à emporter et la consommation à l’intérieur des lieux de spectacles sont des mannes financières importantes », confirme Philippe Abergel, délégué général du Syndicat National des Prestataires de l’Audiovisuel Scénique et Évènementiel (Synpase).
Entre second souffle et optimisme fou
Constat partagé chez Clément Tournier, président de l’Union des Professionnels Solidaires de l’Événementiel (UPSE) qui espère que le pire est passé : « On va pouvoir souffler un peu, après des mois très difficiles. Tout ne sera pas parfait encore en 2022, tout ne pourra pas être compensé, d’autant plus qu’il reste la crainte d’un énième stop-and-go, mais c’est déjà une bonne nouvelle. » Le président l’admet volontiers, sans les aides de l’Etat et le « Quoi qu’il en coûte » prolongé pour l’événementiel et la culture, le secteur serait actuellement totalement ravagé. Des aides bienvenues donc, « mais loin d’être suffisantes car inadaptées pour beaucoup d’entreprises », déplore-t-il.
Assez de prudence, passons à de l’enthousiasme débridé du côté d’Emmanuel de Préval, gérant de Barnum, fournisseur de boissons pour les événements : « Il y a un vrai regain d’optimisme et la certitude que la vie normale va finir par reprendre. Les gens ont envie de rattraper le temps perdu et la consommation va aller bon train », prophétise-t-il.
Y aura-t-il assez pour tout le monde ?
Le vendeur de binouzes et compagnies veut bien entendre que les prochains mois puissent être difficiles, le temps de relancer la machine, mais pour lui, c’est plus la peur inverse qui domine : « Le vrai risque, c’est que la demande soit tellement forte qu’on n’arrive plus à suivre, comme en mai juin 2021, lorsque tout a rouvert. »
Il n’est pas le seul à invoquer le printemps 2021 pour justifier son espoir d’une consommation effrénée dès février. Tous les experts interrogés évoquent les nombreux évènements reportés les derniers mois, ce qui devrait meubler le reste de l’année facilement en permettant une relance forte du secteur.
L’évènement retrouve de l’attrait
Au-delà de bénéfices directs des entrées d’argents de la vente de nourriture et de boisson, les professionnels de l’événementiel espèrent également ramener plus de public. « Un concert de rock sans bière, c’est quand même un peu triste », abonde Emmanuel de Préval. Il en va de même pour le cinéma sans pop-corn, ou pour le salon financier sans cocktail.
Avis partagé par Jean Aubinat, responsable de la Communication à l’Union Française des Métiers de l’Événement (Unimev) : « Une salle de spectacle, c’est un endroit accueillant, convivial, où on se sent bien. Rien que la fin de l’interdiction de boire debout va changer beaucoup de choses pour l’attrait des salons et des foires. » Dans la même logique, la date du 28 février, où le masque ne sera plus obligatoire lors des évènements clos nécessitant le pass vaccinal, est cochée par tous les acteurs du secteur. « Peu à peu, les secteurs de l’événementiel vont retrouver tout leur attrait. Quand on sera libéré de toutes les contraintes, on pourra vraiment redémarrer. Il faut que le gouvernement nous fasse confiance et continue à lâcher du lest », poursuit Jean Aubinat.
Le temps de vivre
Eric Rouvier, gérant de France Bières, confirme la bonne forme actuelle du marché : « Depuis que la date du 16 février est tombée, les commandes affluent à nouveau », répond le vendeur d’alcool, lui qui avait dû se tourner vers cavistes et supermarchés pour écouler son stock pendant les temps de fermeture. Une reconversion de fortune, insuffisantes pour combler ses pertes, rappelle-t-il, et qui a bénéficié des aides de l’Etat et du chômage partiel. Des temps difficiles qu’Eric Rouvier pense terminé pour de bon : « Avec le pass vaccinal, il y a l’idée que la crise de l’événementiel est vraiment derrière nous et que la vie culturelle va – enfin – reprendre comme avant, que cette fois-ci, c’est la bonne. Certains festivals se planifient déjà pour cet été, alors que les autres années, ils n’osaient pas par crainte du coronavirus ».
Content de laisser la crise sur le bas-côté, le gérant promet un 2022 de grande cuvée : « On estime qu’après une période de guerre, la vente d’alcool atteint des sommets pendant les cinq années qui suivent. La France était en guerre contre le coronavirus. Nous, les commerces rattachés à l’événementiel, on s’est contenté de survivre. Maintenant, clients comme professionnels, il est temps de vivre. »
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